En agriculture raisonnée, la tendance est au piégeage
L’agriculture raisonnée est une démarche agricole qui consiste à établir un équilibre entre une bonne production et le respect de l’environnement. De plus en plus d’acteurs de ce système s’orientent vers les méthodes du piégeage. Pour quelles raisons les agriculteurs font-ils ce choix ? Quels sont les différents types de pièges écologiques indispensables en agriculture raisonnée pour lutter contre les espèces ravageuses ?
Table des matières
Pourquoi l’agriculture raisonnée est-elle orientée vers les méthodes de piégeage ?
La méthode du piégeage est une solution qui permet de se débarrasser des espèces nuisibles qui se trouvent dans les espaces cultivés de manière écologique. L’agriculture raisonnée s’oriente vers cette méthode, car elle permet de préserver la nature et met en valeur les ressources renouvelables. C’est un moyen qui ne nécessite pas l’utilisation des produits nocifs. Il est fiable, sécurisé et économique.
Les pièges sont en général réutilisables et très faciles à mettre en place. Ils ne s’attaquent qu’aux insectes ou aux rongeurs auxquels ils sont destinés. Ils permettent ainsi d’éviter d’avoir un impact négatif sur la biodiversité et réduisent le transfert de polluant vers l’eau et l’air. De plus, ces pièges réduisent la consommation d’énergie, car ils ne nécessitent pas une intervention mécanisée.
Agriculture raisonnée : les différents types de pièges
Il existe plusieurs types de pièges écologiques indispensables en agriculture raisonnée pour lutter contre les espèces ravageuses.
Les pièges à insectes
Les pièges à insectes sont des dispositifs pratiques pour lutter efficacement contre différentes espèces de ravageurs et de nuisibles. Ils appartiennent à plusieurs catégories, selon le type d’insecte ciblé ou le mécanisme de fonctionnement :
- les pièges à chenilles processionnaires du Pin,
- les pièges à phéromones,
- les pièges électriques ou lumineux,
- les pièges à coléoptères,
- les pièges à nécrophages.
Ces pièges s’harmonisent avec les méthodes de lutte contre l’utilisation des produits chimiques. Ils peuvent être placés dans les champs pour le respect de l’environnement et de l’écosystème.
Les pièges à chenilles processionnaires du Pin (écopièges)
Les écopièges sont des dispositifs sans substances toxiques utilisés pour intercepter les chenilles processionnaires lors de leur descente d’un arbre. Ils sont composés d’un collier qui sert à ceinturer l’arbre, d’un sac de récupération et d’un mastic qui sert à colmater les interstices. L’efficacité de ces pièges dépend de la justesse dans la pose du mastic entre le tronc et l’embûche. Lorsqu’il est bien appliqué, les chenilles ne trouveront pas d’issue pour rejoindre le sol.
Installez le piège en hauteur de manière à éviter que le sac soit accessible aux enfants ou aux autres animaux ravageurs. Afin d’éviter de mettre votre santé en danger lors du contact avec les chenilles processionnaires, patientez au moins un mois après la période de lutte avant de retirer l’embûche. Les chenilles se seraient majoritairement transformées en chrysalides. Lors du retrait, n’oubliez pas de vous munir de lunettes, de gants, et de vêtements de protection. Les pièges peuvent encore contenir des poils urticants.
Les pièges à phéromones
Les phéromones sont des substances sécrétées par la plupart des animaux et certains végétaux. Elles permettent aux individus de la même espèce de communiquer entre eux. L’objectif ici est de reproduire et de propager des phéromones de synthèses de la femelle pour attirer le mâle afin de le piéger. Les pièges sont constitués d’une capsule spécifique aux espèces et d’une boîte où les mâles tomberont après avoir été attirés. Lorsqu’ils sont installés, les phéromones diffusent une odeur qui attire les insectes mâles. Lorsque ceux-ci entreront dans le piège, ils voleront jusqu’à épuisement pour ensuite tomber dans le sac récupérateur.
Ces pièges doivent être accrochés dans un arbre à une bonne hauteur des yeux au-dessus du feuillage et au centre des rangs cultivés. Ils peuvent être installés durant le printemps au début du vol des insectes. Avant toute utilisation, lisez bien la notice et suivez-la minutieusement pour ne pas entraver la communication chimique à base de phéromones. De plus, utilisez des gants ou des pinces et évitez de toucher les pièges avec vos doigts pour ne pas y laisser votre odeur.
Les pièges électriques ou lumineux
Les pièges électriques ou lumineux permettent d’attirer les insectes par un système de lumière ou de chaleur. Cette méthode de piégeage permet d’attirer de nombreuses espèces (névroptères, hyménoptères, hémiptères…). Elle fonctionne principalement sur les espèces nocturnes.
Le principe est de placer un système lumineux dans un endroit dégagé. Celui-ci est constitué de trois ampoules (lampe d’appel et deux autres lampes simples) qui produisent un spectre riche en rayon ultraviolet. La lampe d’appel (lampe la plus puissante) peut être placée entre 3 et 6 mètres de haut sur un mât. Les deux autres lampes quant à elles peuvent être placées à 1,6m du sol. Ils serviront à rabattre les insectes vers un drap blanc de 1 m 80 sur 2 mètres tendus verticalement. Un autre drap blanc doit être étendu sur le sol pour permettre de facilement récupérer les insectes qui se posent à terre.
La récolte des insectes s’effectuera au niveau des deux côtés du drap par terre et aux alentours du piège. Cela permettra de ramasser les insectes qui se posent souvent à une distance de la lumière. Les ampoules peuvent être alimentées à l’énergie solaire.
Les pièges à charaxes
Le piège à charaxes est une embûche attractive à papillon qui est souvent utilisée pour la capture des nympholidae et spécialement des Charaxinae. Il se présente en général sous la forme d’un cylindre de tulle de 25 cm de diamètre et 65 cm de hauteur. Il comporte également un plateau suspendu qui contient un appât dans une coupelle fixée au centre. L’appât peut être une banane fermentée avec de l’alcool (bière, rhum, vin de palme…). Le piège doit être accroché en hauteur dans un arbre avec une cordelette.
L’objectif ici est d’attirer le papillon dans l’espace à l’aide de l’appât pour le piéger. Le papillon entrera dans le dispositif en glissant dans l’espace qui se trouve entre le plateau et le cylindre de tulle pour aller consommer le leurre. En voulant sortir, le réflexe de l’insecte sera d’aller vers le haut où il ne trouvera plus de sortie.
Pour que le piège soit efficace, il est essentiel que l’espace entre le cylindre de tulle et le plateau ne soit pas trop important. De plus, il doit être placé en hauteur dans un endroit bien éclairé si l’objectif est d’attirer les nymphalidae. Par contre, pour attirer les satyridae, il doit être proche du sol. Ce type de piège nécessite un suivi quotidien (plusieurs fois par jour). Il peut être installé en hiver ou en été.
Agriculture raisonnée : les pièges à rongeur
Les rongeurs sont des espèces nuisibles qui peuvent créer d’importants dommages à vos cultures. Pour lutter efficacement contre eux, voici une liste de quelques pièges que vous pouvez utiliser :
- un piège électrique à rongeur,
- tapette à rongeur,
- nasse à rats,
- piège à ultrason.
Pour que ces pièges soient efficaces, il est important de les adapter en fonctions des différents rongeurs (souris, rats, campagnol…).
Les pièges électriques à rongeur
Le piège à rongeur électrique est un appareil qui peut être utilisé pour capturer les rats, les souris, les campagnols. Il se présente sous la forme d’une boîte hermétique avec un trou pour permettre à l’animal de s’y introduire. Il possède également un voyant lumineux ou une alarme sonore qui indique la présence d’un animal à l’intérieur et fonctionne de manière automatique.
Pour l’utiliser, il faudra déposer dans la boîte un appât qui a une odeur forte afin d’attirer l’animal. Lorsque le rongeur tentera de se glisser à l’intérieur pour manger l’appât, il sera automatiquement victime d’une décharge électrique mortelle. Pour que cette méthode fonctionne, le dispositif doit être placé dans l’endroit le plus fréquenté par les rongeurs (près des haies, sous les paillages des rangs…). Ce type de piégeage doit être effectué en continu toute l’année.
La tapette à rongeurs
La tapette à rongeur est un piège mécanique utilisé en général pour se débarrasser des rongeurs les plus gros. Il est muni d’un système d’armement qui lui permet de capturer facilement les ravageurs. Pour l’utiliser, il est d’abord essentiel de trouver le meilleur emplacement. Situez dans votre espace cultivé, l’endroit le plus fréquenté par les rongeurs. Installez ensuite votre piège de manière à ce que le leurre soit bien visible pour attirer les nuisibles.
Posez l’appât sur le clou ou la languette de la tapette. Je vous recommande d’utiliser les leurres alimentaires ou aromatiques spécialement conçus pour attirer les rongeurs. Armez le piège en relevant la barre métallique retenue par le ressort et bloquez-la en la plaçant dans l’encoche prévue pour cela. Afin de pouvoir attraper un nombre important de rongeurs, multipliez les embûches installées dans une même zone.
La nasse à rats
Une nasse à rat est une cage qui a la forme d’un rectangle ou d’un tunnel. Il peut servir à piéger des rats, mais également des rongeurs nuisibles de la même taille. Il est composé d’une trappe qui se ferme par un ressort.
Pour commencer, ouvrez la trappe et déposez un appât (pain avec du beurre de cacahuète, fruits secs, viande…). Prenez le soin d’accrocher l’appât au crochet qui se trouve à l’intérieur de la trappe. L’odeur du leurre attirera le rongeur qui entrera dans la cage. Une fois à l’intérieur, la porte de la cage se fermera automatiquement lorsque celui-ci touchera l’appât. Il se retrouvera donc piégé sans issue. Il existe des nasses à rats conçus pour attraper plusieurs rongeurs. Leur mécanisme est très flexible et se met automatiquement en place pour capturer d’autres ravageurs.
Les pièges à ultrasons
Le piège à ultrason est un dispositif électronique qui est constitué d’un système de sonar. Il émet des ondes avec des gammes de fréquences qui permettent de repousser les rongeurs hors des espaces cultivés. Il est capable d’émettre une fréquence supérieure à 20 000 hertz (Hz) qui n’est pas perceptible par l’oreille humaine.
Les ondes émises par l’appareil fragilisent les fonctions biologiques des rongeurs. Un appareil ultrason peut couvrir une superficie de plusieurs centaines de mètres carrés. Il est recommandé d’utiliser plusieurs anti-nuisibles à ultrason variable pour éviter que les rongeurs s’habituent aux fréquences.
Les principes de l’agriculture raisonnée
L’agriculture raisonnée se base sur trois principes essentiels.
Limitez l’utilisation des substances chimiques
L’objectif de l’agriculture raisonnée est d’optimiser le rendement économique tout en maîtrisant la quantité de produit chimique utilisé. En effet, l’utilisation des substances nocives peut entraîner une déstabilisation des écosystèmes (pollution de l’air, l’eau…). Pour éviter ces effets négatifs, l’agriculture raisonnée privilégie l’utilisation des méthodes de fertilisation naturelles. Toutefois, les substances chimiques peuvent être utilisées lorsque les techniques non polluantes ne donnent pas les résultats escomptés. Dans ces cas, les agriculteurs font attention à la quantité de produit chimique utilisé pour éviter les dommages sur l’environnement.
Protégez l’environnement et le bien-être animal
En limitant l’utilisation des produits chimiques, l’agriculture raisonnée s’engage ainsi à respecter l’environnement et les animaux. Cela amène l’agriculteur à prendre en compte les spécificités de l’écosystème, la diversité biologique et les paysages afin de les adapter à ses pratiques agricoles. Pour y parvenir, le producteur peut économiser les ressources en eau lors de l’irrigation et adopter des pratiques agricoles afin de limiter les risques de pollution. De plus, il peut opter pour une rotation annuelle des cultures dans le but de préserver les sols et d’éviter l’épuisement des nutriments. Il peut également maîtriser la production des déchets en restituant les matières organiques au sol.
Respectez la santé et la sécurité au travail
L’agriculture raisonnée est une solution qui prend également en compte la santé des producteurs et leur sécurité au travail. Ce principe se traduit par la maîtrise des risques sanitaires. Il passe également par une formation du producteur et de ses salariés sur les conduites essentielles pour une bonne gestion de l’exploitation agricole.
Agriculture raisonnée : un appui aux productions de l’agriculture biologique
L’agriculture raisonnée prône une technique de production qui est considérée comme responsable. Elle est beaucoup moins contraignante que l’agriculture biologique. De plus, elle est bénéfique aux consommateurs, car elle permet aux producteurs de répondre à la demande du marché. En effet, la production biologique interdit l’usage des organismes génétiquement modifié alors que l’agriculture raisonnée la limite seulement. Ce principe ne permet pas à l’agriculture bio de produire une quantité suffisante de denrées alimentaires pour répondre efficacement à la demande. Cela entraîne un déséquilibre qui peut favoriser l’importation de produits étrangers.